Mégabeille

Marseille, 10e
Mai 2021

Artiste : Noyps,
Avec Daze2Mars & Tonaj

C’est en mai 2021 que cette création d’Artlambik voit le jour. Elle se situe au-dessus de l’autoroute, dans le quartier village de Menpenti, à deux pas du parc du 26e centenaire. Elle intervient dans un contexte post confinements et interpelle le spectateur sur une thématique contemporaine urgente : la sauvegarde de la biodiversité.

Au printemps 2020, après quatre mois d’accalmie pour la planète, nous avons assistés médusés au retour d’espèces endémiques là où l’urbain avait pris racine, notamment des dauphins dans la rade de Marseille et des oiseaux tels que le cormoran huppé juvénile ou le faucon pèlerin, observés en nombre dans le Parc National des Calanques. Les restrictions liées au confinement avaient alors permis pour un temps l’éveil des consciences sur l’importance de la solidarité et du vivre ensemble, mais également sur la cohabitation de l’homme en harmonie avec son environnement.

Cette Méga-abeille nichée sur les toits de la ville résonne aujourd’hui comme un écho aux réflexions collectives durant ces temps incertains sur la préservation de la biodiversité et nos modes de vie trop peu soucieux de la nature qui nous entoure.

Menpenti

Situé dans le 10e arrondissement de Marseille, entre la Capelette et le Rouet, le quartier a connu différentes vocations à travers les âges : anciennes terres marécageuses assainies au 13e siècle avec de nombreux moulins (proximité avec l’Huveaune et le jarret) et changées en terre agricoles, puis faubourg industriels avec l’apparition des premières fonderies et ateliers mécaniques au 19e.

A l’ère industrielle, le quartier est témoin de transformations urbaines majeures et voit s’ériger des infrastructures de taille, notamment l’Atelier de Menpenti (fabrication et entretien des machines pour la navigation à vapeur) et en 1871 la gare du Prado en vue d’accompagner au mieux les évolution techniques et industrielle de l’époque. C’est plus d’un siècle plus tard, en 2001, que la nature revient à Menpenti avec l’aménagement du parc du 26e centenaire, un parc urbain de 10 hectares en plein cœur de la ville, labellisé « Jardin remarquable » par le Ministère de la Culture en 2005.

Aujourd’hui c’est un quartier résidentiel traversé par de multiples voies de transport sur plusieurs strates : échangeur, tunnel, rond point, voie rapide et autoroute. Cette concentration d’axes routiers en fait l’un des carrefour principaux à la sortie de la ville vers le sud et l’Italie. 

C’est dans ce décor, à la sortie sud du tunnel Prado carénage, que l’on aperçoit l’abeille qui butine une orchis des marais, en clin d’œil à la flore locale d’autrefois sur ces terres anciennement marécageuses.

A l’heure où 80% des espèces végétales dépendent des abeilles pour être fécondées, le rapports de l’homme avec la nature et la protection des habitats naturels constituent une préoccupation grandissante.

L’artiste Noyps, accompagné de Daze2Mars et Tonaj, mobilise ce symbole universel et joue avec l’échelle de cette méga-abeille qu’il érige juste au-dessus de l’autoroute. La disparition alarmante des abeilles est ici un prétexte pour aborder notre façon d’appréhender la nature et d’interagir avec le vivant au sens large. Il lui redonne une place symbolique dans le paysage urbain, soulignant de fait la place qu’occupe ce minuscule insecte dans la survie de l’espèce humaine.